Le photographe peut photographier des sujets ; la lumière devient alors secondaire, son écriture est un moyen pour une fin qui est l’image. Mais il peut aussi photographier la lumière ; les sujets passent alors au second plan, l’écriture devient ainsi une fin pour une autre fin qui se nomme l’image. Pascal Dusapin est un photographe du second monde, un sculpteur de lumière comme il est, dans l’exercice de son métier de compositeur, un sculpteur de temps.
L’homme qui compose des symphonies, des quatuors, des opéras fait rendre gorge au temps en le contraignant à emprunter ses volutes, ses arabesques, ses flux, ses directions. Le même qui photographie de grandes mégapoles du monde cherche à soumettre l’espace, et il y parvient, en le faisant rentrer dans un cadre où il demeure. Chasseur de temps, dompteur d’espace, sinon dompteur de temps et chasseur d’espace, Pascal Dusapin construit ses photos comme il sculpte des blocs de temps quand il écrit de la musique.
Michel Onfray