Le premier exerça son métier à Venise, cité qui doit tout à son port. Le deuxième, d’origine italienne, résidait à Buenos Aires, cité où les habitants s’appellent porteños. Deux hommes visionnaires dont la mort a provoqué un vide énorme. Leurs styles sont tellement personnels qu’un Cavalli, élève de Monteverdi, paraît antérieur à son maître, et que certains compositeurs bandonéonistes argentins d’aujourd’hui ne proposent aucun renouveau du style de Piazzolla. A travers ce programme qui traverse les émotions d’une vie, les voici réunis en un
univers empreint du même songe nostalgique habité par les fulgurances de la joie et de la douleur, d’une même énergie libératrice où le bandonéon colore Monteverdi avec autant de bonheur que le cornet Piazzolla. Leonardo García Alarcón réunit autour de lui de grands virtuoses : Quito Gato au théorbe et à la guitare Fender, William Sabatier au bandonéon, Girolamo Bottiglieri aux violons baroque et moderne… Sur les voix de Mariana et Diego Flores, sur les improvisations lancinantes des instruments libérés se tissent les rêves des déracinés, les amours éperdues et éternelles des hommes.
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